15 mai 2007
Désaccords
« Les orientations qu'elle a présentées étaient d'une clarté qui contrastent avec les circonvolutions et les compromis auxquelles elle nous avait habitués. » (Michel David.)
C'est la clarté qui contraste. Et compromis est un nom masculin : auxquels.
« Entre ces deux voies, le PQ doit se plier à l’exercice de renouvellement auxquels se sont prêtés tous les partis... » (Karim Benessaieh, dans La Presse.)
Les partis se sont prêtés à un exercice de renouvellement : auquel.
Line Gingras
Québec
« Marois dicte ses conditions » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070514/CPACTUALITES/7...
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
14 mai 2007
Épargner quelqu'un de quelque chose
« Cela étant, il faut que la direction du parti épargne les membres et le public en général de ces excès de démocratie citoyenne... » (Jean-Robert Sansfaçon.)
Je trouve les constructions épargner quelqu'un, épargner quelque chose, épargner quelque chose à quelqu'un :
Épargner quelqu'un
Peut-être le médecin la trompait-il pour l'épargner. (Zola, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Il vaut mieux épargner un coupable que de tuer un innocent! (Maupassant, dans le Trésor.)
Épargner quelque chose
La discipline facilite le travail, épargne le temps de celui qui commande et de celui qui obéit. (Bernanos, dans le Petit Robert.)
J'ai demandé qu'on épargnât la vie du prisonnier. (Sartre, dans le Lexis.)
J'ai épargné les vingt centimes que coûte une tasse de café. (Bourget, dans le Trésor.)
Épargner quelque chose à quelqu'un
Il faut épargner toute fatigue au malade. (Petit Robert.)
En dépit des froissements, des blessures, qui ne sont point épargnés à ceux qui s'aiment. (R. Rolland, dans le Petit Robert.)
Nous avons épargné une humiliation à ces nouveaux employés en ne mentionnant pas leurs calculs erronés. (Multidictionnaire.)
Elle ne tint pas rancune à l'imprudent puisqu'il lui épargnait peut-être un remords. (Mandiargues, dans le Lexis.)
Je t'épargne les commentaires. (Gide, dans le Trésor.)
Les partis [...] ne nous épargnèrent pas leurs critiques. (De Gaulle, dans le Trésor.)
Les dictionnaires consultés, toutefois, ne reçoivent pas la construction épargner quelqu'un de quelque chose. Je crois que l'on a confondu, ici, avec dispenser ou exempter :
Dispenser quelqu'un d'impôts. (Petit Robert.)
Exempter un jeune homme du service militaire. (Petit Robert.)
Il aurait fallu écrire :
Cela étant, il faut que la direction du parti épargne aux membres et au public en général ces excès de démocratie citoyenne...
* * * * *
« À l'évidence, d'autres candidats s'ajouteront à la liste d'ici le lancement officiel de la course. Celles de Joseph Facal et de Pierre Curzi, par exemple, permettraient d'élargir le spectre des choix idéologiques et des genres de leadership offerts aux membres. »
... d'autres candidatures...
Line Gingras
Québec
« C'est un départ! » : http://www.ledevoir.com/2007/05/12/143204.html
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
13 mai 2007
Comparons ce qui se compare
« Le langage d'un parti progressiste et de son chef n'a pas besoin d'être obtus et technocratique : il peut se nourrir d'émotions et de valeurs mobilisatrices, comme l'a fait Ségolène Royal en France. » (Gil Courtemanche.)
Non, Ségolène Royal ne s'est pas nourrie d'émotions : elle en a nourri son langage, cependant - c'est du moins ce que veut dire M. Courtemanche, si je ne me trompe. Je suggérerais :
... il peut se nourrir d'émotions et de valeurs mobilisatrices, comme celui qu'a utilisé Ségolène Royal en France / comme celui de Ségolène Royal en France.
Line Gingras
Québec
« S'ancrer dans la réalité » : http://www.ledevoir.com/2007/05/12/143202.html
23:31 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
12 mai 2007
Se lancer - Elle s'est lancé
« Ségolène Royal, qui vient en quelque sorte de redonner le statut d'opposition officielle à son parti, s'est lancé_ à l'assaut de l'Élysée sans avoir pu mettre son parti à sa main... » (Christian Rioux.)
Se lancer est un verbe accidentellement pronominal, c'est-à-dire qui n'est pas toujours employé à la forme pronominale; il s'agit plus précisément d'un pronominal réfléchi, puisque le sujet et le pronom personnel complément, se, désignent la même personne. En pareil cas, le participe passé s'accorde avec le complément d'objet direct si ce dernier est antéposé (placé devant), comme si le verbe était conjugué avec l'auxiliaire avoir. Ségolène Royal a lancé qui? elle-même : s'est lancée.
On écrirait cependant : La ministre s'est lancé des fleurs. Explication? Le pronom se est complément d'objet second, ou complément d'attribution; il ne commande donc pas l'accord. De fait, le complément d'objet direct est placé après le verbe : la ministre a lancé des fleurs à elle-même. Par contre : Les fleurs que la ministre s'est lancées...
* * * * *
« ... bon pour tout les pays et pour tous les peuples. »
... bon pour tous les pays...
Line Gingras
Québec
« La leçon française » : http://www.ledevoir.com/2007/05/11/143073.html
03:50 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
11 mai 2007
Tel que + participe passé
« Tel que rédigée, la loi exige que... » (Serge Truffaut.)
Après tel que, l'ellipse du sujet et du verbe conjugué est à déconseiller dans la langue soutenue. Notez que l'adjectif tel s'accorde, tout comme le participe passé (qu'il y ait ellipse ou non), étant donné qu'il se rapporte à loi :
Telle qu'elle a été rédigée ou Telle qu'elle est rédigée, la loi exige que...
* * * * *
« Voilà : deux juges de la Cour constitutionnelle ont été suspendus par le président de ce tribunal. Le motif évoqué? Ils ont été accusés, sans que des preuves formelles aient été présentées, d'avoir... »
Pour la distinction entre évoquer et invoquer, je vous renvoie à un billet de La plume heureuse. J'y évoque une foule de souvenirs, en plus...
* * * * *
« ... ils craignaient que le scepticisme manifesté par ces deux magistrats ne fasse tâche d'huile... »
Il leur fallait donc se donner pour tâche d'empêcher, justement, qu'il ne fasse tache d'huile :
La lâcheté ne peut faire que tache d'huile. (Leiris, dans le Petit Robert.)
Line Gingras
Québec
« Dérive polonaise » : http://www.ledevoir.com/2007/05/11/143049.html?fe=990&...
05:00 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
10 mai 2007
Accords imparfaits
« Le seul ennui, c’est qu’il avait été adopté en plein_ effervescence souverainiste... » (Michel C. Auger, dans Le Soleil.)
Effervescence est un nom féminin : en pleine effervescence.
« Le PQ devra se demander si son projet politique – qui est encore très proche de la souveraineté-association imaginée par René Lévesque à la fin des années 1960 – est encore la meilleure pour le Québec des années 2010. »
La proposition relative, détachée par des tirets, apporte sans doute une précision utile; elle ne fait cependant pas partie du message essentiel de la phrase : Le PQ devra se demander si son projet politique est encore le meilleur pour le Québec des années 2010.
« Avec son départ, les péquistes n’ont plus le choix, ni de bouc émissaire commode : ils devront se poser les questions qu’ils ont soigneusement évité__ depuis des années. »
Le participe passé employé avec l'auxiliaire avoir, on le sait mais encore faut-il se le rappeler au moment opportun, s'accorde avec le complément d'objet direct, si ce dernier précède le verbe. Ils ont évité quoi? les questions : évitées. On écrirait toutefois :
Ils devront réfléchir aux questions qu'ils ont soigneusement évité de se poser.
Ils ont évité quoi? de se poser certaines questions.
Line Gingras
Québec
« Entre le chef et le programme » : http://blogues.cyberpresse.ca/mcauger/?p=606140928
05:35 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
09 mai 2007
Pousser la roue, pousser à la roue
« Malheureusement, une fois analysé et comparé, le profil génétique ne coïncide avec aucun de ceux qui se trouvent dans la banque de la police. Il faudra donc continuer à pousser la roue et se montrer patient. » (Christiane Desjardins.)
Je trouve dans les dictionnaires généraux l'expression pousser à la roue, qui veut dire au sens propre « chercher à faire avancer un véhicule en exerçant un effort sur la roue » (Lexis), et au figuré soit « aider », soit « faire évoluer un processus, une situation » (Petit Robert) :
Vous ferez des progrès, si quelqu'un pousse à la roue. (Lexis.)
On en voit [des Français] qui souhaiteraient une victoire totale de l'Allemagne, qui sont prêts à pousser à la roue, qui collaborent, comme on dit. (Green, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
De là à pousser à la roue, à enfoncer ce pauvre type. (Mallet-Joris, dans le Petit Robert.)
Le tour est également recommandé dans le Colpron et le Chouinard, en remplacement de mettre l'épaule à la roue, qui serait attribuable à l'influence de l'anglais to put one's shoulder to the wheel :
Le chef syndical a invité tous les travailleurs à pousser à la roue. (Chouinard.)
Line Gingras
Québec
« Benoît Guay : décadence d'un homme, chute d'un policier » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070503/CPACTUALITES/7...
07:28 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : langue française, anglicisme, journalisme, presse
08 mai 2007
Des politiciens emphatiques
« Quand on côtoie des politiciens, on constate qu'avec l'expérience, et surtout quand ils sont talentueux et emphatiques, ils finissent par devenir spécialistes de la nature humaine. » (Denise Bombardier.)
Emphatique, dans la langue courante, signifie « rempli d'emphase », « pompeux », « ampoulé » :
Un ton, un style emphatique. (Petit Robert.)
Une allocution trop emphatique. (Multidictionnaire.)
Une exhortation emphatique. (Lexis.)
Elle avait le défaut d'employer de ces immenses phrases bardées de mots emphatiques, si ingénieusement nommées des tartines dans l'argot du journalisme... (Balzac, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Madame Bombardier a sans doute voulu dire empathique; cet adjectif vient du nom empathie, qui désigne une « forme de la connaissance d'autrui, spécialement du moi social » (Lexis), la « faculté de se mettre à la place d'autrui, de percevoir ce qu'il ressent » (Multidictionnaire). Cependant, alors que l'anglais empathic ou empathetic peut qualifier des personnes, le mot français, dont je ne trouve des exemples d'emploi que dans le Trésor, semble ne s'appliquer qu'au mode de connaissance ou de perception :
L'identification du bébé et de la maman, sur le mode empathique... (Traité sociol.)
Je proposerais donc :
... et surtout quand ils sont talentueux et capables d'empathie...
* * * * *
« ... un travail aux contraintes restreintes... »
... un travail aux faibles contraintes...
... un travail peu contraignant...
* * * * *
« Nous vivons une période apparemment désertée par les grands personnages charismatiques dont on a tant d'exemples en tête et qui appartiennent à l'histoire passée. »
... et qui appartiennent à l'histoire.
Line Gingras
Québec
« La piqûre » : http://www.ledevoir.com/2007/03/17/135334.html
06:01 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
07 mai 2007
Ronde de négociations
« En effet, les professeurs et la direction s'apprêtent à entrer dans une ronde de négociations qu'on peut d'ores et déjà, sans même polir la boule de cristal, présumer difficile. » (Marie-Andrée Chouinard.)
L'utilisation du mot ronde, dans ronde de négociations (pour traduire soit round of negotiations, soit bargaining round), doit être tenue pour un anglicisme; c'est du moins l'avis du Colpron, et je trouve d'autres mises en garde dans TERMIUM et dans le Grand dictionnaire terminologique : selon l'Office québécois de la langue française, le terme ronde « [n'a] pas, en français, le sens de "série d'opérations successives" ».
De fait je ne vois rien, dans le Petit Robert, le Lexis ou le Trésor de la langue française informatisé, qui autorise l'emploi de ronde de négociations. Le Multidictionnaire n'aborde pas la question. Le Robert & Collins Super Senior propose de rendre round of negotiations par série de négociations. Le Meertens donne session de négociations. On peut aussi parler, suivant le contexte, de séance (Colpron) ou de cycle de négociations (TERMIUM, Grand dictionnaire terminologique; ces deux sources conseillent également série de négociations).
Line Gingras
Québec
« Jeu de Monopoly » : http://www.ledevoir.com/2007/05/04/142014.html
02:52 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, anglicisme, journalisme, presse
06 mai 2007
Époustoufflant
« Un débat époustoufflant » (titre d'un billet de Michel Vastel).
Oui, je me doute bien qu'un bon débat peut essouffler, mais époustouflant s'écrit quand même avec un seul f :
Une nouvelle époustouflante. (Petit Robert.)
Cette photo est époustouflante. (Multidictionnaire.)
Line Gingras
Québec
http://forums.lactualite.com/advansis/?mod=for&act=dis&eid=1&so=1&sb=1&ps=0
02:59 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, médias
05 mai 2007
Tenter + infinitif
« Ghislain Lavoie estime que le PC tente ainsi favoriser le maire Denis Lebel, au détriment de l'autre candidat dans la course, Bernard Potvin. » (Alec Castonguay.)
Employé au sens d'« essayer » et suivi de l'infinitif, le verbe tenter se construit avec la préposition de, comme le fait observer Marie-Éva de Villers :
Tenter de trouver un médicament pour enrayer une maladie. (Multidictionnaire.)
Il tentait en vain de déchiffrer l'inscription. (Robbe-Grillet, dans le Lexis.)
C'est ce que nous avons tenté de montrer au long du présent chapitre. (L'histoire et ses méthodes, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
A-t-elle jamais tenté de s'enfuir? (Villiers, dans le Petit Robert.)
Line Gingras
Québec
« Grogne chez les conservateurs de Roberval » : http://www.ledevoir.com/2007/05/01/141591.html
03:42 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
04 mai 2007
Le saint du saint
« Le metteur en scène du premier acte politique important qu'a accompli Eltsine a été nul autre que Mikhaïl Gorbatchev. C'est lui, en effet, qui l'a introduit au saint du saint du pouvoir soviétique. » (Serge Truffaut.)
Je trouve dans les dictionnaires généraux (Petit Robert, Lexis, Trésor de la langue française informatisé) et dans le Dictionnaire des expressions et locutions figurées l'expression le saint des saints (ou le Saint des Saints, le Saint des saints) : au sens propre, elle désigne la partie la plus sacrée du Temple de Jérusalem, qui renfermait l'arche d'alliance; au sens figuré, l'« endroit le plus retiré d'un édifice », le « service le plus secret ou le plus important d'une organisation, d'une entreprise ». (Trésor de la langue française informatisé.)
* * * * *
« Entouré de jeunes loups, littéralement, le maître du Kremlin allait menait la réforme du système en maniant l'improvisation... » (S.T.)
Line Gingras
Québec
« Moitié, moitié » : http://www.ledevoir.com/2007/04/25/140796.html
05:10 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
03 mai 2007
Remord de circonstances
« Peu importe qu'il n'ait jamais reconnu ses torts, peu importe qu'il n'ait jamais exprimé le moindre remord_, il y aura toujours des gens pour l'aduler.
Il y en aura toujours, mais il y en a quand même peu. L'aréna est à moitié vide. Musique tonitruante. Éclairage de circonstances. » (Rima Elkouri.)
La locution adjectivale de circonstance signifie notamment « qui est fait ou est utile pour une occasion particulière » (Petit Robert), « conforme à la situation, à l'époque » (Lexis). Elle est invariable :
En cette période de départ en vacances, les conseils de prudence sont de circonstance. (Lexis.)
... il n'y a, à tout prendre, que des œuvres de circonstance, car toutes dépendent du lieu et du moment où elles furent créées. (A. France, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
* * * * *
Le nom remords s'écrit toujours avec un s, au singulier comme au pluriel :
Un remords le harcelait. (Maupassant, dans le Petit Robert.)
S'il m'était resté un remords de mon évasion, j'en aurais été guéri sur-le-champ. (Aymé, dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
« Boxeur c. Pédophile » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070502/CPOPINIONS/705...
03:54 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
02 mai 2007
Coordination et changement d'auxiliaire
« Devant quelques milliers de supporters qui avaient gardé la forme malgré la déconfiture du Front national au premier tour, Jean-Marie Le Pen s'est livré à une dénonciation en règle des deux candidats à l'élection de dimanche et appelé à n'en choisir aucun. » (Christian Rioux.)
On peut très bien coordonner les verbes se livrer et appeler. Cependant, comme se livrer se conjugue avec être, et appeler avec avoir, l'auxiliaire ne peut pas rester sous-entendu :
... Jean-Marie Le Pen s'est livré à une dénonciation en règle des deux candidats à l'élection de dimanche et a appelé à n'en choisir aucun.
Grevisse écrit à ce propos : « Il n'est pas conforme au bon usage de ne pas exprimer le second auxiliaire quand il est différent du premier. » (Le bon usage, douzième édition, paragraphe 784, a.)
Line Gingras
Québec
« Présidentielle française - Le Pen appelle à l'abstention massive » : http://www.ledevoir.com/2007/05/02/141753.html?fe=916&...
06:50 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, syntaxe, grammaire, journalisme
01 mai 2007
Inadéquat, l'association
« "Nous jugeons inadéquat_, écrit Québec Pluriel, l'association de cannibale à la communauté noire et à Kunta Kinté, qui, pour votre gouverne, est l'ancêtre africain d'Alex Haley [l'auteur du roman Racines]." » (Paul Cauchon.)
Qu'est-ce qui est inadéquat? L'association de cannibale à la communauté noire et à Kunta Kinté. Selon la grammaire traditionnelle, l'adjectif est attribut du complément d'objet direct : nous jugeons l'association inadéquate, nous jugeons que l'association est inadéquate. L'accord se fait en genre et en nombre.
Line Gingras
Québec
« Les Têtes à claques accusées de racisme » : http://www.ledevoir.com/2007/05/01/141586.html
23:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
30 avril 2007
Morts ou vifs
« "Pensez-vous que nous ne sommes que des parasites vivants aux dépens du travail honnête et ardu de nos concitoyens?" » (Mario Cloutier, dans La Presse, citant l'écrivain d'expression anglaise Yann Martel.)
Seraient-ils donc, nos écrivains et nos artistes, des parasites morts?
Mais non, les apparences ont le nez qui trompe : ce qu'on a voulu dire, c'est que pour beaucoup de nos élus, il semblerait qu'écrivains et artistes, en qualité de parasites, ne sachent faire qu'une chose : vivre aux dépens de leurs concitoyens (et non pas aux dépens du travail de leurs concitoyens, je le signale en passant). Il fallait employer le verbe, pas l'adjectif : vivant.
Line Gingras
Québec
« Yann Martel "conseille Stephen Harper" » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070417/CPARTS02/70417...
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
29 avril 2007
Métro sous-terrain
« Le réseau de métros sous-terrains, de trains de surface qui vont en périphérie et de tramways élégants dessert tous les recoins de la ville. » (Frédérique Doyon.)
Le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé ne donnent pas sous-terrain, mais souterrain, nom et adjectif :
Le réseau de métros souterrains...
Line Gingras
Québec
« Munich - Une ville en art » : http://www.ledevoir.com/2007/04/28/140909.html?fe=888&...
04:55 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
28 avril 2007
Victuailles
« Tout à côté, le marché ouvert Viktualmarket est l'endroit idéal pour acheter diverses victuailles (saucisses, fromages, fleurs, etc.) ou simplement faire le plein des sons et odeurs munichois. » (Frédérique Doyon.)
D'après le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, des victuailles, ça se mange. Alors, à moins de choisir exprès des fleurs comestibles, on achètera au marché, si on le souhaite, des victuailles et des fleurs.
Line Gingras
Québec
« Munich - Une ville en art » : http://www.ledevoir.com/2007/04/28/140909.html?fe=888&...
23:55 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
27 avril 2007
Familiariser à
« "J'ai rencontré ces deux trapézistes pour suivre un atelier de formation et j'ai été frappée. J'ai tout de suite été convaincue qu'il fallait familiariser nos danseurs aux techniques aériennes et les intégrer au programme de danse", a expliqué hier au Devoir Gay Nardone, dont les cours connaissent aujourd'hui une popularité sans précédent. » (Isabelle Paré.) [Madame Nardone enseigne à l'Université du New Hampshire; ses propos ont sans doute été traduits.]
D'après le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain, le verbe familiariser se construit avec la préposition avec. J'ai trouvé effectivement de nombreux exemples de cet emploi dans les onze ouvrages consultés :
Familiariser quelqu'un avec quelque chose
Familiariser un soldat avec le maniement des armes. (Petit Robert.)
Cette lecture m'a familiarisé avec le sujet. (Hanse-Blampain.)
Il faut familiariser les dirigeants de la nation comme le grand public avec la révolution nucléaire. (Goldschmidt, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Se familiariser avec quelque chose
Ils se sont familiarisés avec cette nouvelle méthode. (Multidictionnaire.)
Se familiariser avec le bruit de la rue. (Lexis.)
Né provençal, il s'était facilement familiarisé avec tous les patois du midi. (Hugo, dans le Trésor.)
Être familiarisé avec quelque chose
Nous sommes familiarisés avec ces problèmes. (Hanse-Blampain.)
Il est maintenant familiarisé avec son nouveau métier. (Lexis.)
Je ne suis pas encore familiarisé avec cet ordinateur. (Chouinard.)
Le Trésor ajoute une remarque : Littré atteste la construction familiariser à quelque chose, mais la documentation n'en fournit qu'un seul exemple :
Pour peu qu'il [le lecteur] soit familiarisé « à ces vastes contemplations ». (Bachelard.)
Il me semble donc que seule est vraiment admise la préposition avec :
... familiariser nos danseurs avec les techniques aériennes...
Line Gingras
Québec
« L'"effet Cirque du Soleil" fait boule de neige » : http://www.ledevoir.com/2007/04/27/141108.html?fe=875&...
16:55 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
26 avril 2007
Se refuser de + infinitif
« Cet ancien élu croit que les gens sont "écœurés", et ce, de bien des choses : du système de santé que les politiciens se refusent de réformer en profondeur... » (Hélène Buzzetti.)
D'après les résultats de mes recherches, on devrait employer se refuser à devant un infinitif, au sens de « ne pas consentir à faire quelque chose », « ne pas vouloir faire quelque chose » :
On refuse de faire une chose, on se refuse à la faire. (Berthier-Colignon.)
Il se refusait à envisager cette solution. (Petit Robert.)
Elles se sont refusées à signer. (Multidictionnaire.)
Ils se sont refusés à nous aider. (Hanse-Blampain.)
Elles se sont refusées à parler. (Girodet.)
Une finesse animale qui s'arrêtait aux apparences et se refusait à aller au fond des choses. (Vidalie, dans le Colin.)
Ma plume se refuse à écrire de telles horreurs. (Larousse du XXe siècle, dans le Thomas.)
Le Trésor de la langue française informatisé admet à la fois se refuser à + infinitif et se refuser de + infinitif. Mais les exemples qu'il propose contiennent la première seulement de ces deux constructions :
Du reste, elle se refusait à voyager cette nuit! (G. Leroux.)
Ses pieds enflés se refusaient à marcher. (Maupassant.)
Le Hanse-Blampain signale que certains écrivains utilisent se refuser de faire quelque chose au sens de « s'interdire de »; cet usage peu courant n'est pas recommandé.
Line Gingras
Québec
« PLC : la politique de la peur en sursis » : http://www.ledevoir.com/2007/03/29/137386.html
15:12 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
25 avril 2007
Hormise Ségolène Royal
« Hormise Ségolène Royal qui réalise le score honorable de 25,7 % pour le Parti socialiste... » (Michel Vastel.)
Le Multidictionnaire, le Thomas et le Girodet font observer que hormis, préposition, est toujours invariable :
Les chevaliers étaient présents hormis Guilhèm. (Multidictionnaire.)
Hormis la solitude qui l'entoure. (Thomas.)
Elles sont toutes parties, hormis sa sœur. (Girodet.)
Elle avait d'abord refusé toute visite, hormis celle de son mari. (H. Bazin, dans le Colin.)
Un combat qui n'avait plus d'issue hormis la mort ou la captivité. (De Gaulle, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
* * * * *
« Il reste cependant trois écueuils à éviter... »
Un écureuil sur un écueil a atterri. C'est une coque de noix qui l'a mené là.
* * * * *
« Cela rappelle l'élection présidentielle de 1965 (taux de participation de 84,75 %) au cours desquelles François Mitterrand avait mis Charles de Gaulle en ballotage. »
Le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain et le Lexis ne consignent que ballottage. C'est également cette graphie que reçoit le Trésor; cet ouvrage propose néanmoins l'exemple suivant :
... alors vous saisissez ce qui pouvait se produire : ballotage au premier tour, la majorité radicale ébranlée, au second tour c'était le grand inconnu, à cause du scrutin de liste s'il était voté. (Aragon.)
Line Gingras
Québec
« La France a le cœur à droite... » : http://forums.lactualite.com/advansis/?mod=for&act=di...
04:18 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme